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Tiré de Le Cas Torze
Perspectives XIV - numéro 922-923
Noir = Jocelyn
Bleu = Steve

Lâchez-pas!
par Jocelyn Gagnon et Steve Savage
27 et 28 janvier 1993

J'ai rêvé que les patates frites prenaient le pouvoir de la nation.

Elles se faisaient bouffer par leurs partisans.

Le système s'effondrait, c'était l'anarchie.

Arrivait alors une bande de Jell-O aux cerises, flasque et sans puissance de gestion. Je plongeais dedans et je me retrouvais à la tête d'un empire de cigarettes mentholées. En réalité, les cigarettes étaient les cadavres purifiés des patates frites naguère au pouvoir.

Je recyclais le système, c'était l'utopie.

Avouons-le: fumer des patates frites doit sûrement être moins dommageable pour les poumons.


Attack of the Killer Potatoes

Une éternité a passé depuis hier. L'utopie s'est mise à faire la toupie. Le Jell-O a pris, durant la nuit, dans son plat de Tupperware, prenant du coup un fort arrière-goût de bureaucratie.

Je - au nom du nouveau Pouvoir Hermétique - suis maintenant en guerre avec le pays des Arbres. C'est que leur ombre empiète sur notre territoire. De toute façon, c'est un pays de dégénérés et notre empire compte bien empirer la situation.

Au pays des Arbres, deux principes régissent la vie

  1. la chance
  2. les lois
Mais au pays des Arbres, il est interdit de toucher du bois.

De toute façon, je parle, je parle, j'ai beau vouloir être en guerre le plus que je peux, le mieux que je peux, le Jell-O aux cerises est pris et moi aussi.

(Jell-O de tous les pays, unissez-vous! disait le sot-scie à listes.)

Voici tout de même, en quelques maux, l'utopique plan de guerrier que j'avais prévu:

Étant donné que le Jell-O, pour posséder, doit non pas envahir mais plutôt se laisse sournoisement envahir lui-même, j'agirais de la façon suivante:

On attend l'été et on construit une piscine de Jell-O suffisamment énorme pour contenir ce que l'on veut soumettre à notre pouvoir, disons des tartes à la ringuette parce que etc.

Il fait chaud l'été, les tartes à la ringuette viennent toutes se baigner et elles s'amusent tellement qu'elles restent dans le Jell-O jusqu'aux premiers signes de porte de frigidaire ouverte.

Alors BRRR! Il commence à faire froid et les tartes à la ringuette veulent maintenant sortir pour rentrer chez elles. Mais voilà! Le Jell-O a pris et les tartes, du même coup, sont prises aussi!

Bien sûr, il s'agirait par la suite d'avoir l'estomac solide et un goût fort prononcé pour les tartes à la ringuette en évitant la nostalgie des patates frites (j'en mangerais encore si je n'avais pas plongé dans le Jell-O).

Avouons-le: les utopies s'affaissent (s'f ou r) aussi souvent que les poumons et les vol-au-vent. Au fait, vingt-neuf.


© 1993
Jocelyn Gagnon et Steve Savage

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