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Tiré de Le Cas Torze
Perspectives XIV - numéro 916
Noir = Jocelyn
Vert = Julie
Bleu = Catherine

Le sourire d'Inès
par Jocelyn Gagnon, Julie Marchiori et Catherine Cyr
28 décembre 1992

Ses cheveux négligemment empourprés narguaient en silence le vague parfum de princesse russe qui refusait obstinément l'accolade des tsars usés. Ses doigts, emmêlés dans le soleil, se fondaient lascivement en un cristal figé, absent de tout finalisme temporel.

Sur son passage, on léchait volontiers les trottoirs. Ses chevilles naissaient d'imageries latentes, laissant le peuple incertain s'abreuver des non-pendules sournois qui détournesolaient le monde soviétique à coups de poupée. La Scandinavie entière dansait sur ses paupières endormies. Même les luths atrophiés n'auraient su arquer les fins do de sa gamme de sentiments. En général, elle parlait peu. Ses sonates suffisaient à rendre l'incontrôlable splendeur des effets désarticulés qui jonchaient l'envers des Taïgas inutilisable.

Elle jumelait mystérieusement la candeur et la prétention des Sibéries enneigées. Parfois, lorsqu'elle fond en meringues bohèmes, ses sens se déficellent en oscillant curieusement de gauche à Marx. Mais à l'époque, elle penchait plutôt sur les toits cybernétiques, hallucinant des sombres cavaliers croulant sous la piètre évanescence des septentrions.

Oh bien sûr, elle connaissait tous les trucs de rideau, mais, une aube, le rideau de fer tomba sur les arpents de glace… et personne ne vint le relever. Inès sourit…


© 1992
Jocelyn Gagnon, Julie Marchiori et Catherine Cyr

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