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Collaboration par courrier électronique
Dernière mise à jour: samedi 1er décembre 2001
Noir = Jocelyn
Bleu = Luc

Déconfiture patachimique
par Jocelyn Gagnon et Luc Bernard
en cours depuis le 5 novembre 2001

Le nouveau projet de la pâtisserie "Sur la Planche" était simple: créer un pain au centre des tranches duquel il serait impossible de tartiner quoi que ce soit. Le but était de créer un vide gastronomique autour duquel le gastronome impénitent pourrait construire sa faim et empiler son appétit.

Ce matin-là, comme les matins précédents, la cuisson du modèle expérimental fut un échec. La nouvelle farine utilisée pour ces expérimentations, directement importée des îles Tuvalu, ne faisait décidément pas l'affaire. Comment en aurait-il été autrement, de la part d'un pays qui ignorait jusqu'à l'existence des céréales ?

Le «Pain au Centre Intartinable» demeurait un rêve et sa quête n'était pas sans rappeler celle de la pierre philosophale, voire du Graal. Se pourrait-il que la pâtisserie «Sur la planche» et ses dévoués employés ne puissent jamais être témoins de la Grande Cuisson, qui donnerait enfin naissance à ce pain mythique ? Cela était-il concevable ? Peut-être… Le doute commençait à s'infiltrer dans l'esprit de Emgéem. Depuis deux ans à la tête de la boulangerie «Sur la planche», Emgéem avait promis à son équipe un pain nouveau, devant révolutionner l'art gastronomique. Et voilà qu'elle allait d'échec en échec. En attendant, il fallait gagner sa vie et continuer à offrir les produits ordinaires de la boulangerie, que Emgéem méprisait et dont elle ne pouvait plus supporter ni l'odeur, ni la croûte ni la mie.

Elle sortit faire une promenade, comme toutes les fois où elle avait besoin d'une inspiration peu commune, et en passant à travers le marché du village, elle eut un éclair de génie comme elle seule pouvait en avoir : tous ces gens de multiples nationalités tissaient une nouvelle société basée sur le respect des cultures et la bonne prononciation du français hexagonal, et il était ainsi concevable de créer une pâtisserie à la hauteur de cet idéal universel et humain, un gâterie qui rassemblerait les peuples et serait un exemple de paix internationale et de bon goût culinaire, le dessert parfait, quoi.

Remplie d'une excitation bien légitime, elle revint à la boulangerie, sortit sa plume des grands jours, et entreprit de mettre sur papier cette nouvelle recette salvatrice de la galaxie : le Biscuit Apatride.

(la suite ici, bientôt, au fur et à mesure…)


© 2001
Jocelyn Gagnon et Luc Bernard

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